Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Messeigneurs, despuys celle que je vous ay script este nuict
2bien ample, nous avons receu novelles que lennemy a bruslé
3ou mis le feu à Barathier et soint venus à Saint André, veullent
4venir à Guilhestre ou bien plus tost en ceste ville. Ceulx de
5Freysinières foint fère ung pont entre eulx et La Roche pour
6passer la rivière. Ilz tiennent tous bridés ceulx dudit lieu et
7le chemin despuys La Besser jusques Ambrun et nest en nostre
8puyssance les en enpecher, comme bien scaict monseigneur de votre
9compagnie, monsieur le consellier Emé, encorres que nous
10soyons plus en peyne à present que navons estés ces derniers
11troubles et que lennemy se prepare nous en donner devantaige,
12comme je vous ay script et bien souvant. Je ne scay sy quelques uns
13de nous paquetz se perdronnt par les chemins à Secheliennes ou
14ailleurs, auquel cas monsieur du Vaujany porroict remedier
15[les] faisant passer par les montaignes. Nous avons prou faict
16[déchiré] des gens du pays en ceste ville pour repoulcer lennemy.
17[bien est] vray que ung peu destrangiers experimentés au faict
18de la guerre conduyronnt encor mieulx la barque, ce que
19ne dezire aultre choze le cappitaine Ferrus et nous aussy.
20Ilz luy servyroint de beaucop. Ceulx de Molines ont fermé
21le blé aux catholiques. Ceux de Château dalphin ont faict
22mo[n]stre denviron six cens arquebuziers sans les aultres
23et ont despendu ceux mil escus pour se armer comme mest venu
24rapporter ung quy sen doict aller en votre ville de Grenoble. Sy les
25aultres de ceste ville y vont, et ma deict quilz nausent scripre
26ne porter lettres par ledit lieu de Mollines et au tour et pource
27ne me en a point porté. Les adversères dudit Molines ont treuvé
28deau dans leur eglize quilz ont bien fortiffiée, come plus
29à plain vous tesmoinera celluy dudit Chateau Dalphin
30[324 v°] qui la veue en passant. Lesditz adversères houstarent
31ung prisonnier à caze du larrecin à la justice de Queyras.
32Il vous plera commander à tous ceulx que nous peuvent
33ayder se tenir prestz pour nous secourir au bessoing auquel
34nous tumbons dheure à aultre. Il seroict bien bon den
35travalher lennemy dung aultre cousté pour rompre son
36choc de laultre comme nous dezirerions très tous avec
37layde de Dieu, le quel pour fin de la presente, actandu
38que avant vous ay amplement script, je prieray vous
39donner,
40messeigneurs, en prosperité, vie longue. De Briançon, ce XXVIe
41febvrier 1574.
42Votre très humble et obeyssant
43serviteur
44Chalhol.